La hausse du prix du cacao

La hausse du prix du cacao

Lorsqu’on pense au cacao, on a tendance à l’associer à l’Amérique du sud et centrale. Pourtant, les plus grands producteurs de cacao sont le Ghana et la Côte d’Ivoire, où l’exportation représente 60% du commerce mondial. La production est cependant en réel déclin dans ces 2 pays, où certains producteurs et fils de producteurs migrent maintenant vers le Libéria pour cultiver le cacao. Plusieurs raisons expliquent ce déclin. 

 

  • La production du cacao est pratiquée en monoculture, ce qui a comme conséquence d'appauvrir les sols et de favoriser l’émergence d’espèces indésirables pour les arbres.
  • Des pesticides et des herbicides sont alors employés. Ils sont efficaces les premières années, mais les insectes et les plantes envahissantes s’adaptent et sont de plus en plus résistants. Leurs prix ont aussi grimpé depuis la pandémie, augmentant ce poste de dépense déjà peu rentable.
  • La propagation de la maladie ‘’swollen shoot’’, un virus propagé par la cochenille farineuse, tue les plantations complètes de cacaoyers. 
  • Plutôt que de régénérer les productions, les plantations de plus de 30 ans (devenues improductives puisque les arbres ont une durée de vie d’environ 40 ans) sont laissées à l’abandon et une autre parcelle de forêt tropicale subit une déforestation pour faire place à une nouvelle plantation de cacaoyers. 
  • Le climat des dernières années a été très varié, passant de grandes sécheresses à des pluies diluviennes. La monoculture prive les arbres d’une protection naturelle contre ces aléas. En effet, s’il y avait différentes strates de végétation, les arbres plus hauts et la végétation basse permettraient de réguler le taux d’humidité, soit en absorbant plus d’eau lors de grosses pluies, soit en protégeant le sol de l’évaporation lors de sécheresses. L’abondance de végétation permettrait en plus de nourrir le sol avec l’apport de matière organique qui se décomposent. 
  • De plus en plus de terres sont vendues pour la recherche d’or au Ghana, où les cacaoyères sont laissées en désuétude et les travailleurs se tournent vers l’orpaillage. Cette pratique détruit non seulement la végétation et les sols, mais pollue les rivières pendant plusieurs années.
  • Les producteurs de cacao se tournent aussi vers la culture de palmier à huile et de l’hévéa (caoutchouc), plus rentable que le cacao, mais aussi néfaste pour les forêts tropicales.
  • La valeur du cacao est depuis trop longtemps sous-évaluée, les producteurs n’ayant pas assez de revenu pour entretenir leurs cacaoyères.

 

Toutes ces raisons font chuter la quantité de cacao récoltée. Ainsi, le principe de l’offre et la demande s’applique : qui dit diminution de l’offre, dit augmentation des prix du marché, parce que la demande en cacao, elle, n’a pas diminué ! 

 

Et qu’en est-il du cacao biologique et équitable ? Parce qu’effectivement, les cacaoyères en production biologique et équitable ont des normes à suivre pour respecter l’environnement, assurer une durabilité de la ressource, sa régénération, une équité envers les producteurs par rapport aux prix d’achat, etc. Les cultures de cacao équitable semblent effectivement en bonne santé. Par contre, une augmentation du prix à la tonne sera aussi perceptible en raison justement de l’équité envers les producteur.ices. Le commerce équitable offre un prix d’achat minimum garanti avec des primes pour le volet biologique et le développement. Lorsque le prix du marché conventionnel dépasse le prix minimum garanti, c’est le prix du marché qui s’applique, où les primes sont ajoutées. Ceci assure que le cacao biologique et équitable sera vendu aux coopératives auxquelles les producteur.ices sont affilié.es, plutôt qu’être vendu aux entreprises privées où le prix du marché serait plus élevé. 

 

Bonne nouvelle, la hausse du coût pour les consommateur.ices de chocolat bio équitable sera moins grande que le chocolat en culture conventionnelle. La raison est simple, le prix du marché du cacao conventionnel était depuis longtemps trop peu élevé. Ceci étant dit, l'augmentation est tout de même de 2 à 3 fois le prix du marché pour le commerce équitable et 4 à 5 fois pour le conventionnel. Le chocolat de nos fournisseurs augmentera donc de 40 à 50% à partir de septembre… profitez-en ce mois-ci pour faire vos réserves…

 

Bibliographie

[Cacao 1/3] Un modèle historique universel - Revue SESAME (revue-sesame-inrae.fr)

[Cacao 2/3] Le Ghana ou la "Côte d'Or", encore aujourd'hui - Revue SESAME (revue-sesame-inrae.fr)

[Cacao 3/3] De la Côte d’Ivoire au Liberia : la boucle du cacao se déplace - Revue SESAME (revue-sesame-inrae.fr)

Comprendre la hausse spectaculaire des cours du cacao | Ethiquable